un nothing phone à côté d'un iphone qui s'échangent des données par airdrop

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Il aura suffi de quelques jours pour que l’annonce choc de Google crée un effet domino dans l’industrie Android. Après avoir révélé que les Pixel 10 pouvaient désormais communiquer avec AirDrop sans l’aide d’Apple, voilà que Carl Pei, le patron de Nothing, annonce que ses smartphones suivront le mouvement. Sur X, l’entrepreneur britannique vient de confirmer officiellement que les Nothing Phone recevront bientôt la compatibilité AirDrop. Une réaction éclair qui montre que la guerre des écosystèmes vient de prendre un tournant historique. Fini le monopole Apple sur le partage de fichiers ultra-rapide : l’interopérabilité devient enfin la norme. Voici ce que cela signifie concrètement pour les utilisateurs de Nothing Phone.

Google ouvre la voie, Nothing s’engouffre

Il y a quelques jours à peine, Google créait la surprise en annonçant que ses Pixel 10 pouvaient désormais envoyer et recevoir des fichiers via AirDrop, le protocole propriétaire d’Apple. Une prouesse technique réalisée sans l’aide de Cupertino, probablement grâce à de la rétro-ingénierie et à la pression réglementaire du DMA européen.

Le problème ? Google a joué la carte de l’exclusivité temporaire. Seuls les Pixel 10 bénéficient de cette fonctionnalité pour l’instant, laissant les centaines de millions d’autres utilisateurs Android sur le carreau.

Cette stratégie frustrait déjà les propriétaires de Samsung, Xiaomi, OnePlus et autres. Mais c’était sans compter sur la réactivité de Carl Pei, le co-fondateur de Nothing et ancien dirigeant de OnePlus, qui n’a jamais été du genre à laisser passer une opportunité.

La réponse immédiate de Carl Pei

Sur Linkedin, Carl Pei n’a pas attendu 48 heures pour réagir. Dans un message direct et sans détour, il a d’abord salué l’initiative de Google avec son franc-parler habituel :

« AirDrop était l’un des derniers blocages du jardin clos d’Apple. Content de voir Google s’y attaquer. »

Mais il n’a pas seulement félicité la concurrence. Il a lâché l’information que tout le monde attendait :

« Nous travaillons déjà à mettre cela en place sur les téléphones Nothing dès que possible. »

Cette phrase courte mais lourde de sens confirme que Nothing ne compte pas attendre qu’Android 16 ou 17 intègre nativement cette fonctionnalité dans plusieurs mois. La marque semble vouloir développer sa propre implémentation ou, à minima, accélérer drastiquement l’intégration si Google met ses API à disposition des constructeurs tiers.

Quels Nothing Phone seront concernés ?

Carl Pei n’a pas précisé explicitement la liste des appareils compatibles, mais on peut raisonnablement anticiper les modèles suivants :

Certains :

  • Nothing Phone (3) – le flagship actuel
  • Nothing Phone (3a) – la version abordable lancée récemment

Probables :

  • Nothing Phone (2) – encore largement utilisé
  • Nothing Phone (2a) – modèle milieu de gamme populaire

Incertains :

  • Nothing Phone (1) – le premier modèle, sorti en 2022, pourrait être techniquement limité

La marque a l’habitude de supporter ses anciens modèles plus longtemps que la moyenne des constructeurs Android. Il serait cohérent qu’elle étende cette fonctionnalité à l’ensemble de sa gamme active.

Comment ça fonctionnera concrètement ?

Si Nothing suit le même modèle que Google, l’expérience utilisateur devrait être transparente et intuitive.

Depuis un Nothing Phone : Vous sélectionnez un fichier (photo, vidéo, document) et appuyez sur « Partager ». Dans le menu de partage de Nothing OS, les iPhone, iPad et Mac à proximité apparaîtront directement dans la liste des destinataires disponibles, au même titre que les autres appareils Android.

Depuis un iPhone : Vous ouvrez le menu AirDrop classique. Le Nothing Phone de votre ami apparaît dans la liste comme s’il s’agissait d’un autre appareil Apple. Un simple tap pour envoyer.

Validation et sécurité : Comme pour un partage AirDrop classique, une demande d’autorisation s’affichera sur l’écran du destinataire avant tout transfert. Le chiffrement de bout en bout sera maintenu pour garantir la confidentialité.

Une philosophie cohérente avec l’ADN de Nothing

Cette annonce ne surprend pas vraiment ceux qui suivent Nothing depuis ses débuts. Carl Pei a toujours prôné l’ouverture et l’interopérabilité.

Dans son message sur X, il résume parfaitement sa vision : « Le partage ne devrait pas dépendre du smartphone que vous possédez. »

Cette phrase fait directement écho au message publié par Google lors de son annonce. Les deux entreprises semblent partager la même philosophie : les barrières artificielles entre écosystèmes nuisent aux consommateurs.

Nothing s’est construit une identité autour de la transparence (au sens propre avec ses coques translucides) et du refus des conventions. Intégrer AirDrop sur ses smartphones s’inscrit parfaitement dans cette logique de rupture avec les pratiques fermées de l’industrie.

Le rôle déterminant du DMA européen

Si Google et Nothing peuvent aujourd’hui forcer la porte d’AirDrop, c’est en grande partie grâce au Digital Markets Act (DMA) de l’Union européenne.

Ce règlement, entré en vigueur en 2024, oblige les géants technologiques désignés comme « gatekeepers » (gardiens de portail) à ouvrir leurs services aux concurrents. Apple, identifié comme tel, doit légalement permettre l’interopérabilité de ses services de messagerie, de partage de fichiers et autres fonctionnalités clés.

Le DMA a changé la donne. Apple ne peut plus simplement bloquer les tentatives d’intégration tierces sans risquer des amendes colossales pouvant atteindre 10% de son chiffre d’affaires mondial.

Google et Nothing profitent de ce contexte réglementaire favorable pour enfin abattre les murs du jardin clos d’Apple.

Un effet domino prévisible

La réaction rapide de Nothing laisse présager un mouvement de fond dans l’industrie Android.

Samsung, le leader mondial des smartphones Android, ne peut pas se permettre de rester à la traîne. Ses Galaxy S25 et futurs pliables devront probablement intégrer AirDrop d’ici quelques mois.

OnePlus, la marque sœur de Nothing fondée également par Carl Pei, suivra logiquement. D’autant qu’elle partage souvent des technologies avec son ancienne filiale.

Xiaomi, Oppo, Realme et les autres acteurs majeurs n’auront d’autre choix que d’emboîter le pas pour ne pas paraître en retard.

Dans six mois, il est fort probable que la compatibilité AirDrop devienne un argument de vente standard pour les smartphones Android haut de gamme.

Les questions techniques qui persistent

Plusieurs interrogations demeurent sur l’implémentation concrète de Nothing.

Développement propriétaire ou API Google ? Nothing va-t-il développer sa propre solution de rétro-ingénierie du protocole AirDrop, comme semble l’avoir fait Google ? Ou Google va-t-il partager ses API avec les autres constructeurs ?

La seconde option semble plus probable et plus rapide. Google a tout intérêt à généraliser cette fonctionnalité pour affaiblir l’écosystème fermé d’Apple.

Compatibilité avec Quick Share ? Google a intégré AirDrop directement dans Quick Share, son propre système de partage. Nothing utilisera-t-il la même approche, ou créera-t-il un système distinct ?

Sécurité et stabilité ? Interagir avec un protocole propriétaire sans documentation officielle comporte des risques. Comment Nothing garantira-t-il la sécurité et la stabilité de l’implémentation ?

Quand cette fonctionnalité arrivera-t-elle ?

Carl Pei a promis « dès que possible », une formulation volontairement floue mais qui suggère une urgence.

Hypothèse optimiste : Une mise à jour de Nothing OS pourrait arriver d’ici fin janvier ou février 2026, si Google partage rapidement ses API.

Hypothèse réaliste : Le déploiement pourrait prendre 2 à 3 mois, le temps de développer, tester et certifier la solution. On parle alors de mars-avril 2026.

Hypothèse prudente : Si Nothing doit développer sa propre solution de A à Z sans aide de Google, le délai pourrait s’étendre jusqu’à l’été 2026.

Dans tous les cas, Nothing semble déterminé à ne pas laisser Google profiter seul de cette avancée pendant des mois.

Une victoire pour les utilisateurs

Au-delà de la compétition entre marques, cette annonce représente une victoire majeure pour les consommateurs.

Fini les manipulations compliquées pour partager une photo entre un iPhone et un Android. Plus besoin de passer par WhatsApp avec sa compression destructive, ni de créer des liens Google Drive ou WeTransfer pour un simple fichier.

Fini les discriminations d’écosystème dans les foyers mixtes où cohabitent utilisateurs Apple et Android. Le partage de souvenirs familiaux devient enfin aussi simple qu’il aurait toujours dû l’être.

Fini le monopole artificiel d’Apple sur une technologie pourtant basée sur des standards existants (Bluetooth, Wi-Fi Direct).

Mon avis : Carl Pei joue le bon coup

Cette réaction ultra-rapide de Carl Pei est un coup de maître en termes de communication. En annonçant publiquement son intention quelques jours seulement après Google, il :

  1. Positionne Nothing comme une marque réactive qui écoute les besoins utilisateurs
  2. Évite la frustration de sa communauté qui aurait pu se sentir abandonnée face à l’exclusivité Pixel
  3. Génère du buzz et de l’attention médiatique gratuitement
  4. Renforce son image de challenger qui défie les géants

Reste à voir si Nothing tiendra ses promesses dans les délais. Mais connaissant le perfectionnisme de Carl Pei, il y a fort à parier que l’implémentation sera soignée.

Cette course à l’interopérabilité marque un tournant historique. Après 15 ans de règne absolu, le jardin clos d’Apple commence sérieusement à se fissurer. Et c’est une excellente nouvelle pour tout le monde.

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Gentil Geek

Passionné d'informatique depuis ma plus tendre enfance aujourd'hui j'en ai fait mon métier. A vos côtés pour simplifier votre utilisation de l'informatique et vous permettre de gagner en compétences.

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